Suivi de la Conférence de N’Djamena

Ces 16 et 17 décembre 2019, se tenait à Douala la ‘REUNION DES EXPERTS POUR LE SUIVI DE LA CONFERENCE DE N’DJAMENA’ (voir le programme).

Pour mémoire celle-ci avait pour but d’élaborer une stratégie pour la lutte contre le braconnage et autres activités criminelles transfrontalières dans la sous-région comprenant le Cameroun, le Niger, la RCA, la RDC, le Soudan, le Sud-Soudan et le Tchad. Ils furent assistés par de nombreux experts.

François-Xavier de Donnea, Facilitateur du PFBC, a prononcé le discours suivant :

Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amies, chers Amis.

Permettez-moi de vous saluer tous très cordialement en ce début de la réunion des experts pour le suivi de la Conférence qui ses tenue à N’Djamena du 23 au 25 janvier dernier.

Je tiens à remercier tout particulièrement pour leur présence ici ce matin Leurs Excellences Monsieur le Ministre Jules Doret Ndongo, ministre des Forêts et de la Faune du Cameroun et président en exercice de la COMIFAC, ainsi que Madame la Ministre Rosalie Matondo, ministre de l’Economie forestière de la République du Congo et présidente en exercice de l’OCFSA. Mes remerciements s’adressent également à la Secrétaire Générale adjointe de la CEEAC, Madame Mfoula, aux Secrétaires Exécutifs de la COMIFAC, Monsieur Ngoye et de l’OCFSA, Monsieur Linjuom.

Je remercie également Son Excellence le Président de la République du Cameroun et son gouvernement qui ont autorisé l’organisation de cette réunion à Douala et ont veillé à sa bonne organisation.

Excellences,
Mesdames, Messieurs,

La Conférence internationale de N’Djamena a réuni des ministres en charge de la défense, de la sécurité et des aires protégées pour élaborer une stratégie pour la lutte contre le braconnage et autres activités criminelles transfrontalières dans la sous-région comprenant le Cameroun, le Niger, la RCA, la RDC, le Soudan, le Sud-Soudan et le Tchad. Ils furent assistés par de nombreux experts.

A l’issue des travaux, les ministres et les représentants des Etats adoptèrent la Déclaration de N’Djamena « sur la nécessité d’orienter les dynamiques régionales de transhumance par une meilleure prise en compte des enjeux de sécurité, de gestion de la faune et de dégradation croissante des écosystèmes suite aux changements climatiques » .

Cette importante Déclaration fait date. D’une part parce qu’elle est le fruit de travaux réunissant pour la première fois des ministres et experts « verts » et des ministres et experts de la défense et de la sécurité intérieure ; d’autre part, parce qu’elle définit la stratégie à mettre en œuvre au niveau de la sous-région pour encadrer les transhumances et neutraliser les groupes armés transfrontaliers qui se livrent au braconnage et s’attaquent aux populations.

Depuis janvier dernier, deux initiatives importantes ont vu le jour dans la ligne de la Déclaration de N’Djamena.

Le 30 octobre dernier, le ministre des Forêts et de la Faune du Cameroun a signé le Protocole Spécifique de Lutte Anti-Braconnage relatif à l’Accord de Coopération Tripartite Cameroun-RCA-Tchad et le protocole Spécifique Ecodéveloppement relatif à l’Accord de Coopération Binational BSB Yamoussa Cameroun-Tchad.

Les 17 et 18 mai derniers des délégations de la RDC et du Sud Soudan se sont rencontrées sous ma présidence au QG du parc de la Garamba à Nagero (Haut Uele) pour identifier les collaborations souhaitables en matière de lutte anti-braconnage entre les parcs limitrophes de Lantoto et de la Garamba. Des contacts entre les dirigeants des deux parcs préparent une seconde réunion au printemps à Kinshasa. Elle devra déboucher sur la conclusion d’un accord de coopération entre les deux pays.

Début novembre, je me suis rendu à la réserve de Chinko en RCA. J’y ai eu des entretiens avec le ministre des Forêts de la RCA et avec la direction de la réserve sur la problématique de la transhumance dans la région. Je me suis rendu au cours du même voyage en Haut Uele. Les tensions avec les Mbororos y sont vives. Je suis revenu de ces deux visites avec la conviction que les flux croissants de transhumance sont de moins en moins soutenables, tant du point environnemental qu’humain. Les tensions entre transhumants et sédentaires risquent d’être de plus en plus violentes, tant le long des parcours des troupeaux, que dans les zones de pâturage. Les écosystèmes de ces zones risquent de subir des dégâts de plus en plus importants et irréversibles.

A l’avenir il faudra donc non seulement œuvrer à l’encadrement des transhumants, mais aussi à la régulation de la taille des troupeaux dans les pays d’origine. Il y va de l’intérêt de tous et notamment des propriétaires de troupeaux. Si ceux-ci continuent à croître, le risque sera de plus en plus grand de les voir attaqués, sinon massacrés.

Je pense donc qu’il est urgent que les Chefs d’Etat de la sous-région se réunissent pour prendre des mesures permettant de réguler la taille des troupeaux, afin que la transhumance reste soutenable tant pour les couloirs de transit, que pour les régions de pâturages. Eux seuls pourront régler ce problème, vu le poids politique et économique des grands propriétaires de troupeaux.

Ceci dit, Mesdames et Messieurs, je vous souhaite des débats féconds. Votre travail est compliqué, car vous devez proposer des solutions opérationnelles et diplomatiques à des problèmes complexes et politiquement sensibles..

Je vous remercie de votre attention.