Discours prononcé le 20 novembre 2003, par M. Giet, vice-président de la Chambre, lors de la cérémonie d’hommage au cours de laquelle François-Xavier de Donnea s’est vu remettre par le Questeur Ansoms la Médaille d’Argent du Parlement Fédéral pour ses 20 années de carrière parlementaire.
« J’en viens à présent à notre actuel président de la commission des Finances, notre cher collègue le chevalier François-Xavier de Donnea. Vous êtes, cher collègue, un grand format dont la haute taille, la prestance et le sérieux en imposent. La presse ne vous a-t-elle pas décrit un jour en ces termes : « Grand et séduisant, dans le genre Cary Grant ».
Détail géographique, vous êtes né dans la province d’Anvers, à Edegem, fertile terroir qui évoque la personnalité d’un autre illustre ministre d’Etat, ancien Premier ministre.
Votre enfance se déroule dans cette région des Flandres, au sein d’une famille dont le père est liégeois et la mère anversoise. Ce creuset vous permettra de pratiquer avec aisance les langues du Nord et du Sud de nos contrées.
Certes, vous n’êtes pas tombé dans la marmite politique dès votre prime enfance. Vous êtes le seul membre de votre famille à vous être engagé dans cette voie.
C’est au cours de vos humanités chez les jésuites que la lecture d’auteurs latins tels Cicéron suscite votre intérêt pour la chose publique. Cet intérêt précise votre goût pour les sciences économiques qui vous apparaissent comme l’un des meilleurs outils pour comprendre les mécanismes qui régissent le fonctionnement des sociétés modernes ainsi que les rapports de force entre les différents groupes socio-économiques qui se rencontrent dans l’arène politique.
Vous entamez des études que vous terminerez brillamment à l’Université catholique de Louvain, et que vous poursuivez ensuite à l’Université californienne de Berkeley puis à l’Université Erasmus à Rotterdam.
Bardé de diplômes belges, américains et hollandais, Master of business administration, docteur en sciences économiques, vous embrassez la carrière académique et assumez les fonctions de professeur d’économie, spécialiste en gestion publique à l’Université catholique de Louvain. Vous enseignerez également à la Faculté universitaire catholique de Mons ainsi qu’à l’Ecole des administrateurs militaires.
Mais le virus de l’engagement politique vous taraude. Vous êtes de ceux qui savent que c’est par son action que l’homme peut transformer sa destinée. En 1974, Etienne Knoops, alors secrétaire d’Etat aux Affaires économiques vous appelle pour diriger son cabinet, ce qui vous permettra de confronter les méthodes de gestion publique enseignées à l’université avec celles du terrain. Vous serez ensuite également administrateur public dans diverses sociétés dont le Centre d’étude de l’énergie nucléaire à Mol.
De cette époque date aussi votre amitié avec feu notre regretté collègue, le ministre d’Etat Jean Gol.
En 1981, le Sénat vous coopte en son sein, où vous assumerez la présidence de la commission des Finances. Lors d’un remaniement ministériel en 1983, vous rejoignez le gouvernement de Wilfried Martens en qualité de secrétaire d’Etat à la Coopération au développement.
Entre 1985 et 1988, vous serez ministre à la fois de la Région bruxelloise et de la Défense nationale. En votre qualité de maître des armées, l’on vous aperçoit tous azimuts, avec le casque de cuir du tankiste, la combinaison orange des marins ou la tenue de vol des pilotes de chasse. C’est votre période «Top Gun». Vous régalez l’œil glouton des caméras avides d’images spectaculaires : suspendu au treuil d’un hélicoptère, vous vous faites « dropper » sur le pont de l’un de vos vaisseaux puis vous patrouillez dans le Golfe persique à bord d’un dragueur de mines de notre Force navale avant de survoler nos campagnes en chasseur F 16. L’on vous voit aussi patauger dans la gadoue et partager la gamelle de nos fantassins lors de manœuvres en Allemagne.
Plus sérieusement, nous retiendrons que vous aurez à la tête de ce département, veillé à procéder avec doigté et compétence aux nécessaires restructurations mais aussi à réaliser des économies budgétaires sans réduire les capacités opérationnelles de nos forces armées.
Les aléas de la vie politique entraînent pour un temps votre formation dans l’opposition. Sans doute, à cette époque, votre vie publique vous a-t-elle laissé quelque peu la bride sur le cou et accordé plus de temps pour vous consacrer à vos loisirs ou vous ressourcer. Vous avez confié un jour que vos goûts littéraires se portaient surtout sur les essais historiques, les biographies et mémoires, mais que vous appréciez également les œuvres d’un Thomas Owen ou d’un Gabriel Garcia Marquez, ou encore dans un genre tout différent, de l’un des grands romanciers du XXe siècle, le liégeois Georges Simenon.
Après avoir quitté la forteresse Défense nationale, vous effectuez un repli sur les bastions du Parlement fédéral puis du Parlement européen. L’exercice de votre mandat de député européen vous permet d’affirmer vos profondes convictions européennes.
La dernière décennie du siècle passé vous verra ceindre l’écharpe mayorale de votre chère ville de Bruxelles. Vous vous attachez à consolider le rayonnement européen de notre capitale, à renforcer sa sécurité et accentuer son renouveau urbanistique. Vous menez une lutte efficace contre les chancres urbains et l’on vous doit la disparition des plus tristement célèbres d’entre eux situés dans le cœur historique de la cité tel l’Hôtel Central. Les lecteurs d’un journal bruxellois de grande diffusion vous décerneront d’ailleurs le Manneken pis doré et la qualité de Bruxellois de l’année 1995.
En ces années là, tel en son temps Charles Buls toujours flanqué de son compagnon canin, vos visiteurs à l’hôtel de ville de Bruxelles vous rencontrent jalousement veillé par votre fidèle bouledogue français répondant au doux nom de Soupir. Certains jours, l’animal vous ravira d’ailleurs le rôle de vedette de la ville.
Une autre image qui nous revient à l’esprit lorsque l’on évoque ces temps passés est celle où vous officiez en grand uniforme de bourgmestre lors du mariage du prince Philippe et de la princesse Mathilde. Honneur insigne, dans la mesure où tout au long de notre histoire, seuls six bourgmestres eurent le privilège de marier un roi ou un futur roi.
Après avoir exercé le maïorat de la ville de Bruxelles et œuvré à développer son rôle de carrefour géopolitique, vous assumerez les fonctions de ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale. Vous pourrez poursuivre votre action en faveur du développement harmonieux du caractère international du cœur de l’Europe.
Très cher Collègue François-Xavier,
Chacun s’accorde à reconnaître que vous avez l’envergure d’un grand serviteur de l’Etat et que vous avez rendu d’éminents services à notre nation.
Travailleur infatigable, précis et méthodique, vous êtes un homme d’ordre qui gère ses dossiers avec sérieux et compétence.
Nous avons toujours pu apprécier votre profond engagement à défendre vos idéaux tout au long de votre parcours politique qui vous a permis de couvrir un spectre très large d’expériences.
Nous vous souhaitons de tout cœur de poursuivre de longues années encore le combat qui est le vôtre et d’y puiser beaucoup de bonheur.